par Martine Dumont
Article de La Libre Belgique du 18/08/08Troisième volet du cycle de Renaud De Putter, livré à la pure littérature Il fallait y arriver tôt ou tard : avec cinq ans seulement d'intervalle entre "Orlane" et "Poppée" (créé vendredi dernier à Seneffe) Renaud De Putter aura fait vite... Mais le voyage au fond de lui-même, l'artiste l'avait déjà entrepris bien avant, avec, en 2002, une première création-bilan : les "Chants de simplification", dans les faits très complexes, multidisciplinaires et ambitieux, comme pour mieux dissimuler l'objet recherché. En 2003, il y eut "Orlane", thriller psycho-musico-mythologique habité par les mêmes questionnements que les "Chants", mais plus simple dans la forme (majoritairement littéraire) et plus élaboré dans le contenu, le nouveau style de Renaud De Putter commençait à poindre. "Penthésilée", créé en 2007, renforça le mouvement vers le texte pur, laissant à la musique - le piano de Jean-Luc Plouvier - son propre espace, selon la forme du mélodrame.
"Poppée", le troisième volet de la série construite à rebours, remonte aux origines, à la Villa Reclose où l'Enfant s'interroge sur la disparition de son père, sur les amours de sa mère, sur la façon d'échapper à ses tantes, sur les menaces du monde qui l'entoure. Le texte est dit, comme de l'extérieur, par Aurélie Vauthrin, mise en scène par l'auteur lui-même, dont les goûts minimalistes sont finement déjoués par la comédienne, capable de glisser une puissance expressive infinie dans les mouvements corporels et vocaux les plus infimes (on songe à une partition de Scelsi). Habillée dans la première partie, celle de l'enfance, en gouvernante sévère, col montant et chignon serré dans un filet, Aurélie, profitant du départ de la mère, se changera (à vue), en enfant devenu grand, ou plutôt grande : ce sera évidemment Orlane, robe rouge et cheveux défaits, à la fois provocante et timide (mise en scène oblige), partant à la conquête du monde, c'est-à-dire subissant la loi des hommes jusqu'à devenir, dans une étrange indifférence, la Poppée d'un Néron qui n'est autre que l'amant de sa mère. Dans le rêve fictionnel de l'auteur, Orlane chante, mais on n'entendra que la voix de Marlène Dietrich, et quelques musiques de Sigfrid Karg-Elert, mêlant l'harmonium et le piano, à la manière d'un bastringue nostalgique... S'inspirant des grands classiques à la manière d'une Yourcenar, De Putter le musicien se fait ici écrivain solo, démontrant que les mots peuvent être les truchements les plus habiles, parce que paradoxaux, de la vérité.
Scènes à Seneffe, Festival d'auteurs, jusqu'au 31 août. Infos: tél. 02538 63 58 , Web www.theatrepoeme.be
CD à découvrir : "Orlane-Cabaret" de Renaud De Putter, avec Kobe Baeyens, Carine Zafirian et Jean-Luc Plouvier - Fuga Libera.
"Poppée", le troisième volet de la série construite à rebours, remonte aux origines, à la Villa Reclose où l'Enfant s'interroge sur la disparition de son père, sur les amours de sa mère, sur la façon d'échapper à ses tantes, sur les menaces du monde qui l'entoure. Le texte est dit, comme de l'extérieur, par Aurélie Vauthrin, mise en scène par l'auteur lui-même, dont les goûts minimalistes sont finement déjoués par la comédienne, capable de glisser une puissance expressive infinie dans les mouvements corporels et vocaux les plus infimes (on songe à une partition de Scelsi). Habillée dans la première partie, celle de l'enfance, en gouvernante sévère, col montant et chignon serré dans un filet, Aurélie, profitant du départ de la mère, se changera (à vue), en enfant devenu grand, ou plutôt grande : ce sera évidemment Orlane, robe rouge et cheveux défaits, à la fois provocante et timide (mise en scène oblige), partant à la conquête du monde, c'est-à-dire subissant la loi des hommes jusqu'à devenir, dans une étrange indifférence, la Poppée d'un Néron qui n'est autre que l'amant de sa mère. Dans le rêve fictionnel de l'auteur, Orlane chante, mais on n'entendra que la voix de Marlène Dietrich, et quelques musiques de Sigfrid Karg-Elert, mêlant l'harmonium et le piano, à la manière d'un bastringue nostalgique... S'inspirant des grands classiques à la manière d'une Yourcenar, De Putter le musicien se fait ici écrivain solo, démontrant que les mots peuvent être les truchements les plus habiles, parce que paradoxaux, de la vérité.
Scènes à Seneffe, Festival d'auteurs, jusqu'au 31 août. Infos: tél. 02538 63 58 , Web www.theatrepoeme.be
CD à découvrir : "Orlane-Cabaret" de Renaud De Putter, avec Kobe Baeyens, Carine Zafirian et Jean-Luc Plouvier - Fuga Libera.
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